"Une nouvelle ère s'ouvre" : le Premier ministre libanais se rend à Damas pour s'entretenir avec al-Sharaa
Par la rédaction de The Cradle, le 15 avril 2025
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'est rendu à Damas le 14 avril et a rencontré le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, l'ancien chef d'Al-Qaïda connu auparavant sous le nom d'Abou Mohammad al-Julani.
"Cette visite marquera le début d'une nouvelle ère dans l'histoire des relations entre les deux pays, fondée sur le respect mutuel, le rétablissement de la confiance, les relations de bon voisinage, la préservation de la souveraineté de nos deux pays et la non-ingérence dans les affaires intérieures de l'autre, car la Syrie est souveraine pour les Syriens et le Liban pour les Libanais",
a déclaré Salam lors de la réunion.
"Des entretiens ont eu lieu avec le président Sharaa et des responsables syriens concernant le contrôle des frontières et des points de passage, la prévention de la contrebande et, à terme, la délimitation des frontières terrestres et maritimes",
a poursuivi le bureau de presse du Premier ministre libanais.
"Ces discussions ont été initiés par une réunion [le mois dernier] à Djeddah entre les ministres de la Défense des deux pays, organisée par le Royaume d'Arabie saoudite. Les deux parties ont souligné l'importance de renforcer la coordination en matière de sécurité afin de préserver la stabilité des deux pays".
Salam était accompagné du ministre libanais de la Défense, Michel Menassa, du ministre des Affaires étrangères, Youssef Rajji, et du ministre de l'Intérieur, Ahmad Hajjar.
Parmi les sujets abordés figurent également le "retour en toute sécurité" des réfugiés syriens au Liban, la coopération commerciale et l'ouverture de voies de transit, ainsi que l'aviation civile. L'entretien a également porté sur le Conseil supérieur libano-syrien, formé dans les années 1990, au plus fort de la présence militaire syrienne au Liban.
La question des prisonniers et des disparus libanais, ainsi que des assassinats de personnalités politiques libanaises, dont l'ancien gouvernement syrien a été accusé, a été abordée. Les routes de contrebande et les passages illégaux de frontières ont également été négociés.
Salam a invité Sharaa et son ministre des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, à se rendre à Beyrouth.
Le Liban et la Syrie ont signé un accord de sécurité négocié par l'Arabie saoudite à Djeddah le 27 mars, qui prévoit un éventuel accord de démarcation des frontières et le renforcement de la coopération en matière de sécurité.
Cet accord a été conclu après de violents affrontements entre les forces militaires syriennes et des membres de tribus libanaises à la frontière entre les deux pays, qui se sont soldés par le déploiement de l'armée libanaise et un accord de désescalade.
Plus de 20 000 Syriens, principalement des alaouites, ont récemment fui vers le Liban après avoir été déplacés des villes côtières de Syrie le mois dernier suite à une série de massacres confessionnels perpétrés par les forces gouvernementales, qui ont entraîné la mort de plus de 1 500 personnes.
L'armée syrienne et les forces de sécurité sont contrôlées par ce qui était connu sous le nom de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) - anciennement Front al-Nosra d'Al-Qaïda - dirigé par Sharaa. Il a occupé le territoire libanais pendant des années durant la guerre en Syrie et est responsable du meurtre de nombreux soldats de l'armée libanaise.
Plusieurs autres groupes extrémistes, dont des factions liées à Al-Qaïda et à l'État islamique, ont également été intégrés à la nouvelle armée syrienne.